La passion de l’erreur : pourquoi commettre des erreurs, c’est BON !

Les personnes qui commettent des erreurs réussissent mieux

Dans notre société, nous sommes souvent encouragés à éviter les erreurs à tout prix. Nous sommes conditionnés à penser que l’échec est synonyme de faiblesse et de manque de compétence. Nous allons vous démontrer pourquoi les personnes qui commettent des erreurs ont tendance à réussir mieux que celles qui cherchent constamment à les éviter. Dans cet article, nous allons, dans un premier temps, comprendre les raisons qui nous poussent à éviter les erreurs et, dans un deuxième temps, nous mettrons en évidence les bénéfices que les erreurs apportent à notre vie.

Pourquoi avons-nous tant peur de l’erreur ?

Une question de culture

Dans certaines cultures, même européenne, la pression à la perfection et au succès est synonyme de réussite. Les erreurs peuvent être perçues comme des signes de faiblesse et de manque de compétence, ce qui peut entraîner une grande anxiété et phobie de l’échec. Parfois, le fait de commettre des erreurs est même considéré comme étant une violation de la norme sociale. Surtout chez les jeunes entre 16 et 25 ans, ce faux concept s’avère extrêmement difficile à surmonter.

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Une éducation qui ne tolère pas l’erreur

D’autre part, dans le cadre de l’éducation, les erreurs sont souvent associées à des conséquences négatives, comme de mauvaises notes ou des critiques de la part d’enseignants. Ces éléments causent la crainte de prendre des risques, de participer et partager son point de vue ou encore d’essayer de nouvelles choses, car les apprenants peuvent craindre d’être jugés ou pire encore être punis pour leurs fautes.

L’influence des médias

Les réseaux sociaux ont transformé la façon dont nous interagissons les uns avec les autres. Cependant, ils ont également créé un nouveau standard de perfection que les utilisateurs cherchent à atteindre. Selon la théorie de la « représentation » de Goffman (Nizet, J. & Rigaux, N. ;2014), nous agissons en public en fonction de l’image de soi que nous souhaitons projeter. Sur les réseaux sociaux, cette image est souvent amplifiée et idéalisée, car nous cherchons à être perçus positivement par les autres. Cela peut conduire à une pression constante à être parfait et à une continuelle comparaison sociale qui affecte négativement la santé mentale des individus. Inévitablement, dans cette quête vers la perfection, l’erreur n’a pas sa place.

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L’estime de soi

La peur de « faire faux » peut également être influencée par des facteurs personnels tels que l’estime de soi, l’anxiété et la tendance à se comparer aux autres. Les personnes ayant une faible estime de soi peuvent craindre de commettre des fautes car elles perçoivent leur valeur personnelle comme étant liée à leur capacité à réussir sans faute. L’anxiété augmente également la peur des erreurs, car elle accentue la perception de la gravité des conséquences négatives potentielles. Enfin, la tendance à se comparer aux autres intensifie tout autant la phobie des erreurs, car les personnes craignent de ne pas être « à la hauteur » ou aussi valable que les autres.

En résumé, nous évitions de « faire faux » en raison de la perception culturelle, éducative, sociale et personnelle qui définissent les erreurs comme quelque chose de dégradant ou de honteux.

Cependant, il est absolument relevant d’appréhender  les erreurs comme étant s une partie normale et même primordiale de tout apprentissage et que l’ appréhension de ces dernières limite considérablement la croissance, le développement personnel et cognitif. C’est pourquoi « Chez SWISS LINGUA » nous aimons les fautes, nous sommes littéralement passionnés des erreurs, car nous savons à quel point elle sont cruciale et nous allons vous expliquer pourquoi.

Ce que les erreurs permettent

En neurosciences, il est largement reconnu que commettre des erreurs est un élément clé de l’apprentissage et du développement cognitif. Lorsque nous commettons une erreur, notre cerveau est activé pour rechercher une solution alternative qui fonctionne mieux. Cette activité cérébrale permet à notre cerveau de créer de nouvelles connexions neuronales et d’améliorer notre capacité à résoudre des problèmes similaires à l’avenir. En fait, certaines études ont montré que les personnes qui ont tendance à faire plus d’erreurs ont souvent un cerveau plus actif et une meilleure capacité d’apprentissage que celles qui évitent les erreurs à tout prix.

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Commettre des erreurs pour mieux apprendre

Lorsqu’une erreur est commise, des régions spécifiques du cerveau, telles que le cortex cingulaire antérieur et le striatum ventral, sont activées, ce qui favorise l’apprentissage et la prise de décision (Ullsperger et al., 2014).

Les erreurs nous fournissent un retour d’information important sur notre compréhension de la tâche ou de la compétence à apprendre. En examinant les erreurs commises, nous pouvons identifier les aspects de la tâche ou de la compétence qui nécessitent une attention particulière et nous nous concentrons sur ces aspects lors de l’apprentissage. De cette manière, les erreurs améliorent la qualité de l’instruction en fournissant une rétroaction conséquente sur notre compréhension.

Qu’est-ce que la « rétroaction sur les prédictions ? »

La « rétroaction sur les prédictions » que l’on retrouve parfois sous le nom « rétroaction d’erreur » est un processus neuroscientifique qui est déclenché lorsqu’une erreur est commise. Lorsque nous entreprenons une tâche, notre cerveau prédit l’exécution et la manière d’exécution de cette dernière en s’appuyant sur les connaissances et expériences passées. Si l’issue de la tâche ne correspond pas à notre prédiction, cela déclenche une rétroaction d’erreur, qui active le cortex cingulaire antérieur et le striatum ventral dans le cerveau. Le cortex cingulaire antérieur est impliqué dans la régulation de nos émotions et dans la détection d’erreurs, tandis que le striatum ventral est associé à l’apprentissage de la récompense et à la motivation. Lorsque ces régions sont activées, cela déclenche un processus d’adaptation, dans lequel notre cerveau réévalue nos prédictions et ajuste nos comportements pour mieux s’adapter aux nouvelles informations (Holroyd & Coles, 2002).

Cette rétroaction est donc un processus crucial lorsque l’on parle de l’apprentissage. Il démontre à notre cerveau comment s’ajuster continuellement à notre environnement en utilisant les informations reçues : plus nous recevons d’informations, plus nous seront efficaces lors de l’accomplissement de futures nos tâches. Ainsi, être toujours parfait et faire tout juste n’apporte pas assez d’informations au cerveau et freine même son développement !

Commettre des erreurs pour devenir plus créatif

L’erreur est également fondamentale pour le développement de notre créativité. En prenant des risques et en essayant de nouvelles choses, nous sommes plus susceptibles de nous tromper. Cependant, ces fautes nous conduisent à des découvertes et à des innovations qui n’auraient pas été possibles autrement. En fin de compte, l’erreur est un réel catalyseur pour notre créativité et notre innovation. C’est ainsi que Smith et Crowley (2013), proposent « la théorie de la créativité de la perturbation constructive ». Cette dernière suggère que les erreurs interrompent le processus inhabituel et encouragent ainsi la pensée créative. En quelques mots : « faire faux » permet de casser notre routine réflexive et nous fait sortir des sentiers battus. Et c’est en prenant d’autres chemins que nous pouvons devenir créatif et innovant.

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Commettre des erreurs pour diminuer le stress

 

La tolérance à l’erreur est associée à une meilleure résilience et peut améliorer la santé mentale. Se tromper fait diminuer le stress ressenti chez certains individus. Lorsque ce dernier est confronté à une situation stressante, une erreur peut aider à atténuer la pression en réduisant les attentes de perfection et en offrant une occasion d’apprentissage.

En effet, selon Lazarus et Folkman (1984), le stress est principalement causé par une évaluation cognitive de la situation qui implique une menace ou un défi. Lorsqu’un individu se trompe, cela peut conduire à une évaluation plus positive de la situation en atténuant la menace perçue et en réduisant la pression de la performance.

De plus, commettre des erreurs renforce aussi notre résilience et notre confiance en nous. En apprenant à faire face à nos erreurs avec bienveillance et à les utiliser comme des occasions d’apprentissage, nous nous entraînons à être plus résistants face aux défis et aux revers que nous rencontrons dans la vie. Cela peut également nous aider à développer une mentalité de croissance, qui nous fait voir les erreurs comme des opportunités d’apprentissage plutôt que comme des échecs personnels.

Commettre des erreurs pour améliorer l’attention

Une étude menée par Braver & al. (2007), s’est intéressée sur l’influence d’une « menace » d’erreur sur la performance ainsi que l’attention des participants. Ces derniers étaient divisés en deux groupes. Le premier a été informé à l’avance qu’il allait commettre des erreurs et le deuxième n’a pas été informé.

Il s’est avéré que le premier groupe a démontré de meilleures performances quant à la réalisation de la tâche et a fait preuve d’une plus grande capacité d’attention.  Les chercheurs ont expliqué ce résultat par le fait que le groupe informé a pu anticiper les erreurs et mobiliser davantage de ressources attentionnelles pour corriger les fautes et maintenir une performance de qualité.

Ce que nous démontre cette étude : le fait de savoir à l’avance que des erreurs sont possibles peut améliorer l’attention et la performance des individus, probablement en raison de la mobilisation des ressources attentionnelles nécessaires pour faire face à ces obstacles et maintenir une performance de qualité. Cela souligne, encore une fois, l’importance de considérer l’erreur comme un allié et non comme un ennemi.

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Commettre des erreurs pour améliorer la mémoire à long terme

Moser et al. (2011) ont étudié l’effet des erreurs sur la mémoire à long terme. Cette étude démontre que les participants qui ont commis des fautes ont mieux retenu les informations qu’ils ont apprises par la suite que les participants qui n’en ont pas commis. Les chercheurs ont également constaté que cette amélioration de la mémoire à long terme était associée à une augmentation de l’activité électrique dans le cerveau, plus précisément dans la région du cerveau appelée hippocampe, qui joue un rôle crucial dans la mémoire. Il en résulte que les erreurs conduisent à une amélioration de la consolidation des acquis dans la mémoire à long terme.

Un paradoxe difficile à cerner

En conclusion, les erreurs sont un élément crucial de l’apprentissage car elles fournissent des informations importantes au cerveau, qui lui permettent de se reconfigurer et d’améliorer la compréhension de la tâche ou de la compétence à apprendre.

Et cela peut sembler paradoxal : mais plus nous faisons d’erreurs, plus nous faisons juste par la suite.

La passion de l’erreur chez SWISS LINGUA

Nos enseignants sont formés continuellement en pédagogie, psychologie et neurosciences. Ils ont ainsi adopté la théorie de l’erreur et s’en servent comme outil d’apprentissage pour favoriser une compréhension plus durable et solide des connaissances.

En encourageant l’erreur, nos enseignants favorisent ainsi la créativité, la prise de risque et la mémorisation plus solide des acquis chez les apprenants. Chez SWISS LINGUA, nous sommes passionnés par l’erreur car nous savons l’importance cruciale qu’elle apporte avec elle.

 

Et, vous quelles formidables erreurs avez-vous faites aujourd’hui ?

Bibliographie:

Braver, T. S., Gray, J. R., & Burgess, G. C. (2007). Explaining the many varieties of working memory variation: Dual mechanisms of cognitive control. In A. R. A. Conway, C. Jarrold, M. J. Kane, A. Miyake, & J. N. Towse (Eds.), Variation in working memory (pp. 76-106). New York, NY: Oxford University Press.

Holroyd, C.B. & Coles, M.G.H. The neural basis of error processing: reinforcement learning, dopamine, and the error-related negativity. Psychol. Rev. 109, 679-709

Lazarus, R. S., & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal, and coping. Springer Publishing Company.

Moser, J. S., Schroder, H. S., Heeter, C., Moran, T. P., & Lee, Y. H. (2011). Mind your errors: Evidence for a neural mechanism linking growth mindset to adaptive post-error adjustments. Psychological Science, 22(12), 1484-1489.

Nizet, J. & Rigaux, N. (2014). II / La métaphore théâtrale. Dans : Jean Nizet éd., La sociologie de Erving Goffman (pp. 19-34). Paris: La Découverte.

Ullsperger, M., Danielmeier, C., & Jocham, G. (2014). Neurophysiology of Performance Monitoring and Adaptive Behavior. Physiological Reviews, 94(1), 35‑79. https://doi.org/10.1152/physrev.00041.2012

Schultz, W., & Dickinson, A. (2000). Neuronal Coding of Prediction Errors. Annual Review of Neuroscience, 23(1), 473‑500. https://doi.org/10.1146/annurev.neuro.23.1.473

Smith, S. M., & Crowley, K. (2013). Creativity in the classroom. In APA Educational Psychology Handbook: Vol. 1. Theories, Constructs, and Critical Issues (pp. 327-353). American Psychological Association.